Avant toutes choses, je ne pensais pas que l’Albanie serait aussi riche en terme de dénivelé : pour mon plus grand bonheur ^^. Même si les sommets ne culminent pas très haut, il y a très peu de régions planes, les routes serpentent que ce soit dans les terres ou sur la côte laissant peu de répit à mes gambettes. Rien que pour cela, l’Albanie est magnifique. Certaines routes sont en mauvais état, ce qui rend quelques parcs nationaux difficilement accessibles, mais les préservent tout autant.
Shkoder est la ville qui m’accueillera pour mes premières foulées albanaises : le temps de m’imprégner des coutumes, de la langue, de la monnaie (le LEK : 1 euros vaut 121 lek environ). L’Albanie (signifiant pays des aigles) s’est portée candidate à l’UE en 2009, reconnu par le conseil européen en 2014, mais toujours dans l’attente d’en faire partie. Tirana est la capitale de ce beau pays. Un signe de tolérance qui fait du bien : on trouve facilement une mosquée en face d’une église orthodoxe ou même catholique.
Je poursuis ma route vers Kruje, petite bourgade de montagne. Un bivouac au cœur du château, et je prends la direction d’un parc naturel pour m’émerveiller devant le lac de Tërkuzë. Les pistes rocailleuses pour y arriver en découragent plus d’un, ce qui rend le site encore plus fabuleux : perdu dans les montagnes, avec quelques âmes locales surprises de me voir ici, à pousser le vélo. Parce que oui, il faut le dire, durant 20km, j’étais à côté de ma monture, tellement la route était impraticable. Après cette bouffée de solitude arrive la fameuse capitale, qui finalement se laisse traverser assez facilement. J’y retrouve des pistes cyclables (ça faisait tellement longtemps ^^).
A Elbasan, je passerai deux jours chez Fatima et Hakim. Une complicité s’installe rapidement : je leur cuisine des crêpes, Charly (un anglais) les partagera avec nous. Une parenthèse qui me fait du bien à ce stade du parcours. Je repars avec une belle dose d’affection de la part de chacun. Je visite ensuite la ville de Berat et sa forteresse. Puis Fier et son site archéologique « Apolonia » datant du VII siècle avant J-C, et découvert par Léon Rey (archéologue français) en 1924. Un site fabuleux, qui m’a fait rêver : chargé d’Histoire. Cette partie de l’Albanie est plus rurale avec de belles surfaces maraîchères, de vergers de kakis et grenadiers. Je longerai ensuite la côte passant par Vlora, Himarë (avec un orage assez violent à 1000 mètres d’altitude). S’en suit Sarandë et son littoral dessinant de vraies montagnes russes : mes jambes crient à plusieurs reprises ^^. En plus de cela les attaques de chiens errants me valent un accro sur une de mes sacoches… Décidément je n’ai pas la cote avec ces bêtes !!

Entre Berat et Fier, je me laisse surprendre par ces drôles de structures : elles sont implantées sur toute une vallée. Après plusieurs tentatives d’explications données par des locaux, je rencontre deux hommes qui me racontent que ce sont des foreuses puisant du pétrole. Elles datent de l’époque stalinienne et sont d’après eux encore en parfait état ^^. J’étais loin de penser que du pétrole pouvait jaillir dans cette partie du globe. Fasher est la ville qui a su tirer profit de cette denrée. Tout est construit autour de cette économie, prouvant son importance à l’époque. Actuellement très peu de machines tournent encore, la ville a plutôt suivi un tournant agricole, sans oublier son passé où l’or noir faisait vivre toute une région.
Depuis la ville de Sarandë se trouvant à l’extrême Sud-Est du pays (à la frontière avec la Grèce), je prends la direction du Nord-Est pour une dernière virée dans les montagnes. La météo n’est pas très clémente, mais je décide d’affronter la pluie ^^. Je visite un chef d’œuvre de la nature appelé « blue eye » (œil bleu) : il s’agit d’une source jaillissant d’une cavité souterraine et formant un puy d’un bleu éclatant, d’où son nom. Ce site protégé ressemble à une forêt tropicale, il y est resencé un nombre incalculable d’espèces animales (amphibiens essentiellement) et végétales. Le site est nu de touriste, ce qui me va parfaitement ^^. Je terminerai mon étape du jour à Gjirokaster : une ville atypique à flanc de montagne, avec un château majestueux. Avant toute chose, je m’installe à la table DU restaurant traditionnel albanais : la taverna tradicionale Kardashi. Si vous avez à visiter l’Albanie, ce lieu de vie est un incontournable, tant pour sa cuisine généreuse, copieuse et goûteuse, que pour la sympathie et la bienveillance de Lushi et son mari, Juliano et Kevin les deux enfants. Je n’ai jamais aussi bien mangé en Albanie qu’à la taverne, c’est bien simple, il s’agit du restaurant le mieux noté de la ville. Une sympathie qui m’a valu trois jours d’hospitalité au cœur de cette famille, à rendre des services et passer des moments de vies simples mais si sincères. J’ai eu du mal à les quitter, des larmes se sont fait voir le jour du départ. Je pourrais vous en parler pendant des heures, à vous d’aller les saluer, chaque rencontre est différente =).
Après cette parenthèse affective, je reprends la route vers Korçë, puis Pogradec sur les bords du lac d’Ohrid. Ces hauts plateaux me laissent goûter à la fraicheur automnale voir même hivernale puisque de la neige couvre les sommets des montagnes environnantes. De quoi me rappeler que les nuits vont devenir de plus en plus fraîches ^^, mais mon sac de couchage fait bien son travail. Pendant deux jours je circule entre 1000 et 1300 mètres d’altitude, les locaux m’offrent des fruits à tout va : les pommes y sont succulentes. Passant par Korçë un dimanche matin, j’en profite pour assister à une messe dans une église orthodoxe. Puis je roule vers le lac d’Ohrid et passe la frontière avec la Macédoine du Nord.
Ce n’est qu’un Au revoir pour l’Albanie !! Merci à toutes les personnes qui m’ont accueillis et donné sans compter. L’Albanie, c’est avant tout la chaleur humaine de ses habitants qui baigne le pays dans un océan de sourires. Bien entendu, on ne peut lui enlever sa météo parfois capricieuse, mais la beauté des paysages fait oublier les moments plus difficiles =).
Itinéraire pour les curieux.
Quelques points de passage albanais : Shkoder, Kruje, Ranzë, Tirana, Elbasan, Berat, Fier, Apolonia (site archéologique), Vlora, Himarë, Sarandë, Gjirokaster, Leskovik, Korçë, Pogradec.
Beaucoup de personnes m’avaient alerté sur la conduite rapide des albanais. C’est vrai qu’ils conduisent vite (voir très vite ^^), mais j’ai toujours été considéré comme un usager à part entière sur les routes. Les véhicules (que ce soit voitures, bus, camions, motos), ont fait attention à ma monture et donc ma personne. J’ai souvent été klaxonné en signe d’encouragement ou de prévention (« attention je vais te dépasser »). Beaucoup de voiture s’arrêtent également pour demander si tout va bien. Il faut tout simplement rester prudent, comme sur toutes les routes du monde.