J’entre au Netherlands par le nord, plus précisément par la province d’Assen. Les petits villages sont sublimes : maisons de briques, aux jardins très bien entretenus, et aux rues pavées. Les Pays-Bas font partie de l’Union Européenne, et sont une monarchie constitutionnelle. Le roi est le chef de l’état, Amsterdam en est la capitale. L’euro y est utilisé. Lorsque l’on entend parlé du Netherlands, c’est souvent à travers Amsterdam. Pas mal de jugements sont portés envers les voyageurs en quête de cette destination. En effet, pour beaucoup, Amsterdam est la capitale de la fumette (légalisation du cannabis dans le pays) et célèbre par son « quartier rouge ». Il en est presque malheureux de réduire ce pays à cela lorsque tant de choses est à visiter : du littoral aux parcs nationaux. Certes, le pays est petit et densément peuplé, mais il est simple de dégotter un petit coin de nature. Vous n’y serez pas toujours seul, car les néerlandais aiment s’évader =). Pour les petits budgets, il y a des campings partout (le bivouac étant interdit), et certains sont gratuits.






Jusqu’à Assen, je traverse donc des contrées verdoyantes, et croise les premières villes aménagées autour de canaux. Des maisons très luxueuses y sont accolées, chacune équipée d’un garage pour bateau. Je me rends vite compte que le pays entier est quadrillé par ces canaux fluviaux plus ou moins larges. Ils servent de moyen de transport pour certaines marchandises, mais surtout d’irrigation pour les travaux agricoles et la culture des fameux bulbes (tulipes et autres plantes). J’arrive deux semaines trop tard pour profiter du spectacles qu’offrent les champs de tulipes. Ce sera pour une autre fois =). Je prends le temps de m’écarter du littoral pour visiter le parc national de Weerriben-Wieden. C’est un grand marais, servant de refuge pour une faune incroyablement riche d’oiseaux. Des sortes de mobile-homes sont amarrés sur les bords des rives, équipés d’immenses baies vitrées s’ouvrant sur la nature. La végétation au cœur de son salon, ça fait quand même rêver !! Deux jours de plus m’auront suffis pour rejoindre Amsterdam. J’emprunterai la route du « Flevoland » longeant la mer du Nord. Cette région a été créée par l’homme dans les années soixante. De la terre a été apportée pour former une gigantesque île dans le but d’agrandir la superficie du pays. Une partie de ces terres est une réserve naturelle. A l’approche de la capitale, les canaux se font de plus en plus présents. Par moment la circulation est coupée par le mécanisme d’un pont-levis : la route se retrouvant à la verticale dans le ciel (sacrée cote ^^).



A peine un pied sur le port d’Amsterdam, que je me fait alpaguer par un couple de soixantenaire. Ils partiront à vélo cet été pour trois mois !! S’en suit une liste interminable de questions d’avant départ, j’ai l’impression de me revoir huit mois et demi en arrière ^^. Je commence mon cheminement entre les canaux. Ca me rappelle Venise, mais avec l’odeur du chichon en plus !! C’est dingue. Il n’y a aucun complexe à fumer en extérieur, pour la majorité, ce sont des touristes, qui ne se posent pas la question si leur fumée d’herbe brûlée dérange les non-fumeurs ou même les enfants… Après avoir discuté avec des locaux, leur pratique est bien plus respectueuse : ils consomment dans les lieux dédiés ou à leur domicile. Les auberges, ou hôtels mettent à disposition des salles fumeurs pour que les intéressés s’y « détendent ». Mais le fait de pouvoir le pratiquer dans les rues alors que cela est interdit dans le reste de l’Europe est trop tentant ^^. Bref, mise à part ce premier point qui perturbe en arrivant à Amsterdam, je me laisse facilement aller à flâner dans le dédalle de ruelles, très charmantes. Les déplacements se font avant tout à vélo. Tous les habitants en ont un. Il est plus difficile de trouver une place pour attacher son bike dans la rue que pour garer sa voiture ^^. C’est vraiment génial !! D’ailleurs, il est simple de remarquer la différence de comportement entre un local et un touriste : ce dernier ne fait pas vraiment attention aux pistes cyclables et traverse quand bon lui semble. Sauf que lorsque des troupeaux de vélos se mettent à faire retentir leurs sonnettes, les touristes piétons se mettent à courir dans tous les sens pour éviter de se faire renverser ^^. Quand les fauves à deux roues sont lancés, peu de choses peuvent les arrêter (même les voitures en ont peur). On pourrait presque dire que le vélo est roi à Amsterdam =). Au bout de trois journées, on s’y habitude très bien.






Je quitte la Venise hollandaise par un jour de vent. Mais aux Pays-Bas, il ne cesse jamais de s’exprimer !! Je roule jusqu’à La Haye (ville où siège le pouvoirs exécutif et législatif), en passant par la mer et la réserve naturelle de Meijendel. A Nootdorp, Nancy m’arrête dans la rue. Elle me questionne sur ma présence ici avant de m’inviter chez elle. Elle souhaite me présenter à ses enfants (Cédric et Florent). En fin de compte, la famille me proposera de rester manger et dormir. Un accueil qui fait du bien =). Je repartirai le lendemain chargé de vivres et de supers souvenirs. Pour la petite anecdote, Cédric travaille dans l’import-export de fromages. Son entreprise importe des produits français dont le camembert de Normandie mais aussi le comté et le morbier de notre région =). J’ai eu le privilège de retrouver plus tôt que prévu les saveurs de Franche-Comté grâce à l’hospitalité de cette famille =). Je roule donc plein d’énergie vers le site de Kinderdijk (à l’intérieur du pays). C’est une région réputée pour ses moulins et la culture de fleurs (bulbes). Je passe une superbe journée au milieu de ces voiliers statiques, superbement ventée aussi : 60 km/h de rafales… Epuisant au possible. Le soir, je trouve un petit camping communal gratuit. J’y fais la rencontre d’un groupe de roumains. Quel plaisir d’entendre reparler cette langue. Ils y habitent depuis deux mois, et m’accueillent comme si je faisais partie de leur famille. Impressionnés par le périple que je leur conte, mais aussi très touchés que j’ai traversé leur beau pays, ils m’invitent à rester pour le dîner. Nous passons une superbe soirée, au rythme des guitares et de chants traditionnels.






Le lendemain, je pars assez tôt pour rejoindre la ville de Flessingue. Rien de bien intéressant jusqu’à Widdelburg, où je prends le temps de visiter le centre ville et ses églises de style gothique. A Flessingue, je passe par les digues, en bord de mer. Il fait beau, je me prélasse une heure sur la plage. Pouaaaa j’avais oublié à quel point ça faisait du bien de ne rien faire ^^. Ce sera le début d’un rituel pour la suite de mon périple : profiter de s’allonger sur du sable chaud lorsque la météo le permettra. C’est une récompense délicieuse, mon corps me dit merci. Le soir, je suis hébergé par la dynamique Froukje, d’une soixantaine d’année. Un barbecue est organisé dans le jardin de la copropriété avec ses voisins Suzanne et Laurent. Au menu : poisson, pommes de terre, légumes du jardin.. Un vrai régale. Une nouvelle fois, une soirée magnifique. Des échanges super intéressants. Par exemple, Suzanne et Laurent se sont équipés d’un « canoë » surmonté d’une voile et avec des flotteurs droit et gauche pour le stabiliser. Ils vont partir deux mois durant sur leur embarcation. J’adore l’idée. Ils vont également passer par le Jura cet été. Nos numéros sont échangés, ils adorent les festivals : un rendez-vous au festival de la paille à venir ? ^^



Le lendemain matin, je quitte Froukje et sa joie de vivre, son sens de l’accueil, sa générosité, pour prendre le ferry au port de la ville. Une dernière traversée pour rejoindre les derniers kilomètres côtiers néerlandais. Encore une page qui se tourne. Je sillonne de dune en dune, avec une certaine nostalgie. Je sais que ce soir je serai en France (car je traverserai la Belgique sans m’y arrêter). Alors me surviennent devant les yeux des paysages du début de périple, des moments forts en Turquie, toutes les rencontres chaleureuses du Kurdistan, les journées sous la neige, dans le froid, mon passage en Géorgie, la traversée de la mer Noire, l’émotion en Ukraine, l’accueil moldave, et toute la suite du périple. J’ai l’impression que tout va se terminer ce soir, même si au fond de moi je sais qu’il me reste encore pas mal de kilomètres à parcourir et deux mois devant moi. J’ai peur de perdre la dynamique que j’avais jusqu’à présent. Le fait de retrouver son pays natal, de ne plus parler anglais (chose que j’appréciais tellement). J’ai presque peur de retrouver les habitudes à la françaises. Peur d’être confronté aux « caricatures » que les étrangers se font de nous : râleurs, jamais contents, toujours à se plaindre, jugement facile… Mais en même temps, cela fait partie de notre identité de peuple révolutionnaire, à fort caractère. Et puis comme je le dis toujours, il y a plus de bonnes personnes que de mauvaises dans ce monde. Il en sera de même pour la France je l’espère. Je ne dévoilerai pas tout dans cet article, mais ma première semaine française aura été plus que généreuse en therme d’hospitalité. Les gens du Nord en sont pour quelque chose =).



Itinéraire pour les curieux
Quelques points de passage au Netherlands : Bellingwolde, Assen, National Park Weerribben-Wieden, Nagele, Oostvaardersplassen, Amsterdam, Abbenes, La Haye, Nootdorp, Rotterdam, Kinderdijk, Biesbosch (national park), Oud Gastel, Berg-op-Zoom, Middelburg, Flessingue, Cadzand-Bad.