Depuis mon entrée en Turquie via la Grèce, je me rends compte qu’une nouvelle étape vient d’être franchie !! Je foule le pays qui se trouve à cheval sur deux continents : l’Europe et l’Asie. En d’autres thermes, une fois à Istanbul, je serai aux portes de l’orient. Une nouvelle fois mes émotions prennent le dessus, et c’est un sentiment de satisfaction qui m’envahit. Oui je l’ai fais, j’entre en Turquie !! Je suis tellement content et fier de mes gambettes ^^. Le passage de la frontière prend un peu de temps, mais se passe sans problème. Un transit commercial incroyable anime les lieux : sur plusieurs kilomètres, une file de camion attend les contrôles douaniers d’un côté comme de l’autre.
La Turquie possède environ 4% de son territoire en Europe, et les 96% restant sont en Asie. Istanbul est la plus grande métropole du pays avec près de 20 million d’habitants !! Elle en est la capitale culturelle (Ankara l’officielle). Istanbul est le nom qui lui est donné depuis le 28 mars 1930, avant cela elle a été appelée Byzance puis Constantinople. C’est une ville avec près de 2600 ans d’Histoire, elle porte ainsi un héritage culturel et historique incroyable. Sa situation de part et d’autre du détroit du Bosphore est unique, et stratégique pour les échanges commerciaux entre l’Europe, l’Asie et la Russie. En conclusion, Istanbul est une ville eurasienne, incroyablement belle, aux portes de l’orient =).
Avant d’arriver à Istanbul, j’ai pu prendre mes repères tranquillement, et j’ai bien entendu quelques anecdotes à partager ^^. La première soirée, je la passerai dans la ville de Kesan. Il m’aura fallu essuyer sept refus d’hôtel avant que le désespoir ne m’attrape. Mais à la huitième tentative, je tombe sur la pension qu’il me fallait. Un staff aux anges avec moi. Je gagne la sympathie et les conseils de chacun. Un lieu parfait pour comprendre les coutumes et les comportements à adopter pour mes prochaines semaines. Par exemple, les pauses thé seront inévitables !! C’est LE breuvage du pays, sucré ou non, il se partage à toutes heures de la journée. J’ai également pris le temps de changé mon argent : un euros valant environ 11 TL (livres turques). Le lendemain, je prendrai la direction de Lüleburgaz : j’emprunterai les axes secondaires (départementales). Les nationales sont de grandes quatre voies, certes directes, et avec une grande bande d’arrêt d’urgence sur laquelle il est aisé de circuler, mais tellement ennuyantes. Je préfère osciller entre pistes, goudron fatigué, et chemins ^^. Je me fais régulièrement interpellé par les groupes d’hommes occupant les terrasses des petits cafés de villages : surpris de me voir, je suis invité à leur table à boire une, deux, voire trois tasses de thé (je ne compte plus le nombre de plantation que j’ai arrosé depuis mon arrivée ^^). Avec toutes ces pauses, il me manquera 40km au compteur pour atteindre l’objectif du jour : c’est donc à Hayrabolu que je m’arrêterai. Je demande alors où planter ma tente à plusieurs personnes : un directeur d’école prend le temps d’appeler ses contacts afin de me dégotter la place la plus sûre. Une heure plus tard deux hommes arrivent, il s’avère qu’ils sont policiers (en civil). Contrôle d’identité et de mes intentions… Je leur fais comprendre que la nuit en hôtel ne rentre pas dans mon budget, s’enchaînent alors plusieurs coups de fil. Je me fais au final escorté dans un établissement où l’on m’offre une pièce chauffée, dans laquelle un canapé m’attend pour la nuit !! Moi qui pensais dormir au poste ^^. Un énorme merci à toutes ces personnes qui ont souhaité ma sécurité avant tout =). J’ai dormi comme un bébé !!
Le jour d’après, c’est à Lüleburgaz que je poserai bagages, plus précisément à la Bike Académy. Inanç, le manager de ce complexe m’accueille avec une spontanéité inégalable. En quelques mots, la ville de Lüleburgaz a conçu plusieurs académies dans la ville. Celle de la femme, où elles viennent gratuitement participer à plusieurs activités différentes (couture, peinture, lecture, jardinage…). L’académie du foot, avec un gymnase pouvant accueillir d’autres sports (arts martiaux, basket, volley, hand…). L’académie du vélo dans laquelle j’ai été accueilli : les citoyens peuvent venir emprunter un vélo gratuitement durant une demi-heure et pédaler sur les 600 mètres de pistes dédiées à cet effet. Des cyclistes d’un club viennent également s’entraîner sous la surveillance de leur coach Atif. Et un logement est réservé aux cyclo-voyageurs de passage. Inanç prend son rôle très à coeur afin que l’on se sente comme à la maison. J’adore sa philosophie : « one night in the Bike Academy is forbiden » : entendez par là qu’une seule nuit au sein du centre n’est pas permis ^^. De l’hébergement à l’ensemble des services (douches, machine à laver, cuisine, wifi), tout y est gratuit !! C’est un lieu d’échange et de rencontre entre locaux et cyclo-voyageurs. Je repartirai d’ici avec un tas de bons souvenirs, et des conseils pleins les sacoches. Ce concept est tellement inspirant, et unique en son genre. Le monde a besoin de lieux comme celui-ci et de personnes comme Inanç !! Respect, entraide, bonne ambiance et belles idées baignent ce temple du vélo =). J’ai mis quatre jours à quitter la Bike Academy, c’est pour dire ^^. Vous trouverez une vidéo à l’effigie de l’établissement sur ma page facebook Roule tes rêves.
Après cette belle coupure, il me faudra deux journées pour atteindre la ville d’Istanbul !! Les 70 derniers kilomètres sont une aventures à eux seuls ^^. Je n’avais encore jamais roulé sur des artères routières de 4 à 6 voies. Respirer les effluves des pots d’échappement n’est pas la chose la plus agréable en soi, mais j’ai étrangement aimé cette folle expérience : tantôt se frayer un chemin dans les bouchons, tantôt exploiter la route et savoir s’imposer pour se sentir vu et respecter en tant qu’usager. Mais je pense que tout ce chaos a bien été vécu car l’arrivée dans le cœur d’Istanbul fut magique !! Je suis resté scotché devant la beauté et l’immensité des bâtiments du centre historique, et de ses mosquées. Les lumières tamisées du couché du soleil me plongent dans un autre univers : celui d’Aladin !! La mosquée bleue et sa voisine sont habillées de leurs lumières du soir. Je prends une belle claque culturelle !! Bienvenue à Istanbul =).
Les jours qui suivent je tracerai à travers le dédales de rues bondées : le grand bazar, le quartier historique, Taksim, Galata, Balat… Impossible de s’ennuyer ici. Trois jours après mon arrivée, Anne et une de ses copines Camille, me rejoignent non sans mal : vol retardé trois fois cumulant 9 heures de retard, une arrivée à 7h du matin à l’auberge ^^. Que ça fait plaisir de voir des têtes connues (fatiguées mais connues ^^) !! J’ai le droit à des victuailles de la région (saucisses de Morteau, comté, chocolats, de quoi ravir mes papilles) et un peu de matos en rab commandé par mes parents =). Merci à eux et à mes factrices de l’extrême !! Via des vidéos, on se remémore le départ de Besançon 71 jours auparavant !! Mes yeux retrouvent l’humidité des aurevoirs !! Ce qu’on est bête de se faire chialer comme ça ^^. Les filles resteront trois jours en ma compagnie avant de poursuivre leur voyage à travers le pays. De mon côté ma démarche de demande de Visa iranien est active. Je n’entrerai pas dans la description des formalités administratives. Tout ce que je peux vous dire c’est que ça prend (beaucoup) plus de temps que prévu : faute à la récente réouverture des frontières de l’Iran face à la crise sanitaire. Au moment où j’écris ces lignes, je suis à mon 11ième jour d’attente. Normalement dans deux jours je reprendrai le vélo !! Il me tarde tellement, je ressens un manque incroyable de rouler ^^.

La Basilique Sainte Sophie est une merveille architecturale ayant vu le jour en 537. Elle fut construite en 5 années et 10 mois par 10 000 ouvriers. Durant 900 ans, l’église accueille fidèle et couronnements d’empereurs, puis devint une mosquée pendant 482 ans. Dans les années 1940, elle fut déclarée musée et le restera jusqu’en 2020, heure à laquelle elle redevint mosquée. C’est un lieux où se marient fresques chrétiennes et mosaïques musulmanes. Un vrai bijou Byzantin !!
Il faut aimer se perdre dans les rues d’Istanbul : chaque esplanade, ruelle, quartier cachent des perles en tout genre. Les mosquées, sont majestueuses et toutes aussi belles les unes que les autres. Les cris des marchants dans le grand bazar (le marché couvert le plus grand au monde), les nouvelles odeurs, les couleurs des échoppes font tourner la tête de tous les côtés, à en donner le tournis. Istanbul me plonge définitivement dans le bain de l’orient.
Itinéraire pour les curieux.
Quelques points de passages en Turquie européenne : Kesan, Hemit, Hayrabolu, Lüleburgaz, Kadiköy, Cerkerzkoy, Beyciler, Silviri, Istanbul.