Le Monténégro : court et intense !
Le Monténégro : court et intense !

Le Monténégro : court et intense !

J’arrive au Monténégro par sa frontière nord-ouest avec la Croatie (depuis Dubrovnik). Tout se passe au mieux : la carte d’identité ainsi que le pass-sanitaire sont nécessaires. Le Monténégro était une souveraineté indépendante en 1910, puis rejoint le royaume de Yougoslavie en 1918. Après la guerre (en 1992), il devient membre de la république fédérale de Yougoslavie. S’en n’est pas fini si vous suivez toujours ^^, en 2003 la communauté d’Etat Serbie-et-Monténégro est instaurée de façon transitoire. C’est en 2006 que ces deux pays proclament leur indépendance.

Monténégro peut être traduit par « montagnes noires » : jadis de grandes forêts sombres recouvraient ses reliefs. L’Euro est la devise utilisée par le pays : en 2008 il déposa sa candidature d’adhésion à l’UE. Quelle langue y parle-t-on ? Le monténégrin ? En réalité, je ne sais pas vraiment.. Ayant questionné les habitants, certains disent parler le monténégrin, d’autres le serbe, ou bien encore le croate, au sud l’albanais, l’anglais pour les plus jeunes… Malgré la petite superficie du pays, chaque région a son dialecte. De quoi s’y perdre, mais l’essentiel est de se comprendre =).

Je commence mon immersion en longeant la côte du pays. Tout de suite je suis surpris par ses massifs plongeant dans la mer adriatique. Mais la surprise géographique lorsque j’approche de Kotor me laisse sans voix : pour tenter d’être clair, la mer s’avance dans les terres en serpentant et créant de grandes baies aux allures de lacs d’altitude. Le mieux serait de regarder une carte pour s’en rendre compte ^^. Ce jour-ci, j’ai choisi de raccourcir mon étape en prenant le ferry pour traverser un bras de mer, m’évitant ainsi 20 km de côte supplémentaires. Je ne regrette en rien : la rive ouest des bouches de Kotor est splendide (Stoliv, Prcanj) !! La route est peu fréquentée, je longe de petits villages où le temps semble s’être arrêté. Que ça fait du bien après l’agitation de Dubrovnik et le trafic à la frontière !! Je pense avoir mis 4 heures pour faire 15km : je ne pouvais m’empêcher de m’asseoir sur un banc, contempler et ne rien faire d’autre ^^. Evidemment je savais que j’allais trouver domicile pour la nuit dans une petite auberge de jeunesse, sur le front de mer. Rien ne me pressait (même s’il était déjà 19 heures : que le temps passe vite quand on se prélasse ^^).

Kotor, de part sa situation est une petite ville qui a su se défendre de nombreuses convoitises (un peu comme Dubrovnik). Il fallait déjà pouvoir atteindre ses bouches avant d’espérer y mettre pied à terre. Ses remparts faisaient office de deuxième bouclier, et les forteresses qui surplombent la ville prêtes à sonner l’alarme en cas d’invasion (par la mer ou les terres). Toute une architecture bien pensée qui a su préserver ce petit havre de paix. Ce qui m’impressionne le plus, ce sont les montagnes (une nouvelle fois ^^) : elles culminent entre 1000 et 1500 mètres d’altitude et plongent dans le bleu de la mer. Je comprends que mon départ de Kotor ne sera pas de la tarte à vélo, et à la fois je trépigne d’impatience de fouler ces routes sinueuses ^^.

Après avoir repris des forces pendant deux jours à Kotor, et fait de chouettes rencontres (baroudeurs au long court, cyclo-voyageurs, locaux), je prends la direction du nord. Quarante kilomètres de grimpette, mais progressive, c’est moins pire que ce que je pensais, ça rend l’ascension encore plus chouette =). Mais dans l’après-midi, la météo se gâte. J’entends l’orage, assez loin, pas de pluie donc je poursuis. Puis je croise la route de Manuel, un suisse qui roule ses rêves également ^^. Il fait demi-tour, ce qui se prépare dans le ciel ne lui inspire pas confiance. On échange nos numéros pour la suite du périple. Je décide de continuer, pour moi ça va passer. Je réussi à terminer ces 40 km de grimpe et l’orage m’impose un arrêt. Par chance un café se trouve face à moi et m’évite de recevoir la pluie battante qui ne se fait pas attendre !! Après deux heures à patienter, je reprends la route (têtu le garçon) toujours direction les montagnes. Mais j’essuie un deuxième orage avec des éclairs et vrombissements trop importants pour que je prenne le risque d’aller plus loin. Les locaux m’informent que la météo sera semblable pendant les trois prochains jours… Elle aura eu raison de moi, je n’ai pas envie d’être mouillé trois jours durant : je décide alors de prendre la direction de Cetinje où je passerai la nuit au sec. Je retrouve une météo clémente dès le lendemain, direction le lac Skadar (ou Shkodra en albanais) quel bonheur =).

Je ne sais pas si je dois croire au destin, mais s’il le fallait, il fait bien les choses =). La route que je suivrai jusqu’au lac est magnifique, et la rencontre avec Andrea m’a fait oublié le fait que les montagnes du nord seraient pour une autre fois !! Andrea, un papy de 82 ans est sur le bord de route dans une petite cabane (son hôtel cinq étoiles comme il dit ^^), et vend ses liqueurs et alcools en tout genre fait maison !! Nous prenons le temps de faire connaissance, en plus de quelques confidences : il m’explique l’histoire du pays ainsi que ce qu’il a pu vivre pendant ces années sombres. Andrea parle un peu l’anglais, ayant vécu au canada deux années, mais aussi le serbe : il a passé quinze années de sa vie à Belgrade, ses enfants y habitent (une de ses filles est kinésithérapeute !). Je n’oublierai jamais cette matinée passée avec Andréa, la saveur de ses liqueurs (ayant chauffées au soleil ^^), et la petite histoire qu’il a tenté de me raconter. Un peu plus loin : une crevaison, et une pour la roue avant de tonnerre de soie !!

La suite de la route se poursuit le long d’une rivière, pour ensuite déboucher sur des panoramas incroyables avec comme arrière plan : le lac Skadar. Il s’agit d’une des plus grandes retenues d’eau des Balkans. La frontière Monténégro-albanaise le traverse quasi en son milieu. Il est long de 48 km pour 14 de large, et 7 mètres de profondeur en moyenne (44m au plus profond). Il se déverse par la suite dans la mer adriatique. Je suivrai toute sa côte ouest, là aussi d’une façon très lente, je n’arrive pas à décoller mes yeux des paysages qui me sont offerts. Je n’ai qu’une pensée en tête : PROTEGONS ET RESPONCTONS CETTE NATURE !! Comment peut-elle nous donner autant de beauté alors qu’elle est si mal respectée ? J’ai souvent observé les bords de route transformés en décharges à ciel ouvert. C’est une chose difficile à supporter, alors que des poubelles et que la collecte des déchets sont présentes dans le pays… Mais c’est un autre débat ^^. A Virpazar, une pancarte « Besac » me tend les bras ^^ !! Complètement improbable. Au bout du lac Skadar, s’engage une partie de plaisir via une superbe descente quasi jusqu’à la frontière albanaise. Bye bye le Monténégro : je verrai un jour tes hauts plateaux, je les verrai =) =).

Itinéraire pour les curieux

Quelques points de passage au Monténégro : Denovici, Durici (ferry), Lepetane, Stoliv, Prcanj, Kotor, Bukovica, Cerovo, Cetinje, Rijeka Crnojevica, Rijecani, Donje selo, Virpazar, Donji Murici, Mali Ostros, Vladimir, Sukobin.